Causerie radiophonique - Culture française - 1948
Le monde de la perception, c'est à dire celui qui nous est révélé par nos sens et l'usage de la vie, semble à première vue le mieux connu de oous puisqu'il n'est pas besoin d'instrument ni de calculs pour y accéder et qu'il nous suffit en apparence d'ouvrir les yeux et de nous laisser vivre pour y pénétrer.
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Selon Merleau-Ponty, nous ne percevons pas le monde tel qu'il est mais accédons à une version modifiée, habillée ou plutôt voilée par la
pensée objective dans un procédé d'objectivation. Il s'agit d'un processus de filtrage visant à structurer la perçu pour le rendre mieux intelligible, pour pouvoir le manipuler, lui faire éventuellement subir un traitement et en aval, évaluer les images, les représentations ainsi formées dans le sens d'établir des comparaisons, des analogies, des corrélations, d'identifier des différences débouchant éventuellement sur des complexes discursifs... Plus précisément les choses nous apparaissent comme des objets dotés de déterminations précises, structurés par des catégories de langage qui se superposent et non plus le perçu tel qu'il est, saisi dans son intégralité, dans son mouvement, son inertie originels et le halo qui l'entoure... Ainsi le sujet n'a accès qu'à une étiquette, une référence, au mieux un objet aux contours nets débarrassé de leur bruit... et non à la chose elle-même...
Pourtant ce n'est là qu'une forme apparente. Il (monde de la perception) est dans une large mesure ignoré de nous tant que nous demeurons dans l'attitude pratique et utilitaire
[...} il est urgent de redécouvrir ce monde où nous vivons, mais [...} nous sommes toujours tentés d'oublier.
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Pour Merleau-Ponty, il est important de se livrer en permanence à un travail de
déconvolution non biaisé, afin de révèler l'objet dans son apparition vive, dans sa présence originaire. Cette phrase est à juxtapposer au texte du Zhong Yong,.....