« Non-agir » est la traduction du chinois « Bú Wéi » ou encore de « Wú Wéi ». L'expression signifie de façon triviale « Ne pas agir avec force », « Ne pas intervenir ». Ces deux expressions traversent la pensée préimpériale : on les retrouve dans les textes confucéens et légistes, mais aussi et surtout dans les textes qui ont plus tard inspiré la pensée et les pratiques taoïstes. Notons que ces expressions n'ont en réalité pas tout à fait le même sens : les recommendations pratiques qu'elles préconisent ne se déclinent pas de la même manière...
La pensée dite taoiste est typiquement illustrée par ce passage du Wenzi :
Le monde entier est comme un grand récipient qu'on ne peut tenir et sur lequel on ne peut pas agir. Ceux qui cherchent à agir sur lui l'endommagent... Tenir l'Un, c'est voir le petit. En voyant le petit, ils pouvaient exprimer leur grandeur. Pratiquer le non-agir, c'est préserver la quiétude. En préservant la quiétude, ils pourraient être les parangons du monde entier.
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La pensée taoiste
a en effet cherché à préciser la nature de l'attitude correspondant à l'exercice constant du Wú Wéi. Elle l'a très tôt élevée en caractéristique du comportement humain à cultiver dans la perspective de l'«
agir »; c'est ainsi que le non-agir s'est imposé comme
principe fondamental de la praxis...
Certains passages des textes confucéens (Zhong Yong, Dà Xué,...) peuvent également être interprétés dans cette perspective
,...
Temps et conscience,...
Dimensions et notions à cultiver et à mettre en pratique (Yi, Chorismos, Kairos, Verticalité, Centralité, Tigalité, Diatigè,...) (tous ces aspects fondamentaux pour comprendre le non-agir sont examinés lors des ateliers et séminaires Yǎng Shēng)...
Brièvement et de manière concrète, l'exercice du non-agir relève d'un processus d'intégration de principes simples dont les modalités élémentaires sont subrepticement explicitées, parfois même de manière redondante, dans les textes anciens des enseignements contenus dans le
Zhuangzi, le
Laozi et le
Liezi, même s'il faut parfois savoir lire entre les lignes. Il faut en effet non seulmenet saisir l'expérience dont parle le texte mais aussi apprendre à pénétrer le caractère polysémique et homologique du texte.
Ainsi, pour être plus précis, du
Laozi on relèvera à titre d'exemple, ces versets, dont l'interprétation et l'usage à caractère général dans la pratique du
Yǎng Shēng est largement intégré :
Vider le Coeur, remplir le ventre
Affaiblir la volonté, fortifier les os.
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ou encore, cette phrase un peu redondante mais qui ajoute un détail :
Faire constamment en sorte d'être
Sans savoir et sans vouloir
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qu'on peut interpréter comme une indication supplémentaire à propos du registre mental dans lequel il convient de se maintenir dans l'exercice du non-agir lors de l'
accomplissement du Geste, .
Tous ces enseignements anciens n'étaient évidemment pas accessibles, ni compréhensibles par tout le monde, mais exigeaient non seulement un effort personnel, mais aussi, dans le mode de transmission, un mérite particulier : toutes les indications que nous pouvons encore
inférer doivent encore être organisées, elles ne se situent pas au même niveau. Par exemple, le kaïros de l'action se perçoit mais ne se décide pas, ce n'est pas le résultat d'une volonté, ni d'une réflexion, mais rélève d'une sentience développée par une pratique assidue, la spontanéité...
Seule une pratique et une étude, en somme, par les deux bouts permet d'accéder à l'intégration...
Quoi qu'il en soit, de nombreuses indications (Liezi, Zhuangzi...), plus ou moins délicates à déchiffrer et à interpréter, mettent à jour des modalités de la pratique du « non-agir » très élaborées à explorer, ouvrant des
pistes d'entraînement comme par exemple, le mille-pattes du
Zhuangzi ou le chasseur de cigales. Ainsi la mise en oeuvre de ces modalités passe en amont par un entraînement particulier incluant la pratique assidue
sans attentes d'exercices spécifiques. L'intégration des principes se fait en effet alors progressivement, par éclosions spontanées...
Pour accéder à la liste actualisée des stages et séminaires généralement intitulés
WU WEI et la pratique; proposés au club, afin d'essayer de répondre aux questions "Qu'est-ce que le non-agir, au juste ? Comment s'y prend-t'on ? En quoi se caractérise cette pratique ? Pour quoi pratiquer le non-agir ? Quelles en sont les perspectives ..." qui restent le plus souvent en suspens :
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