Wang Zongyue [1795-1860 ?) - Traité de Tài Ji Quan - Court extrait
(L’énergie du) Tài Jí Quan provient de l'état de Wù Jí (mot à mot, sans pôle). [Cette énergie], comme une mère, engendre le Yīn et le Yáng, qui vont apparaître séparés dans le mouvement et disparaître dans le repos.
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A mesure qu'augmente notre habileté à exécuter correctement les mouvements de la forme (1er niveau d'apprentissage), progresse peu à peu notre compréhension de l’énergie interne (2ème niveau). Savoir maîtriser cette énergie dans la pratique permet d'atteindre finalement à la clairvoyance ainsi qu'à la puissance "surnaturelle" du Tài Ji Quan (3ème niveau). Mais il est difficile, voire impossible, de connaître ce processus sans un intense effort persévérant [au niveau de la pratique].
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Tantôt cachée, tantôt manifestée, l'énergie du Tài Ji Quan aura pour effet de vider notre gauche si l’attaque vient de la gauche, relâchera notre droite si l’attaque vient de la droite. Cela nous donne l’avantage : si l'adversaire attaque par le haut, on se retrouvera plus haut que lui, s'il attaque par le bas, on se retrouvera plus bas que lui. Ainsi, l'énergie rend sans objet ses avancées et sans issue ses reculs. [L'énergie] permet d’absorber une force même si elle est aussi légère qu'une plume ou si elle a la masse d’une mouche. L’adversaire est alors incapable de me comprendre, alors que nous, oui.
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Les arts du combat sont nombreux, mais, au-delà des techniques différentes mises en oeuvre, ils fonctionnent tous selon le même "principe", à savoir que le fort écrase le faible, et que le plus rapide abat le plus lent. Or, le cas échéant, il n'est question que de capacités innées et primordiales et non de celles d’un homme civilisé et cultivé.
On dit « quatre onces embarquent mille livres ». Cette expression signifie qu'il est possible de remporter la victoire sans faire appel à la force musculaire [ordinaire]. Si on voit un vieillard vaincre de nombreux assaillants, peut-t'on jamais prétendre que c’est grâce à sa rapidité?
Il s'agit de se tenir debout planté [comme un arbre] et d'avoir l'aisance et l'agilité d'une roue qui tourne [sur son axe]. Si notre corps dispose d'un seul point d'appui, nous pouvons poursuivre l’adversaire, mais si nous avons, comme l'homme ordinaire, deux points d'appui au sol, c’est l’adversaire qui nous dégagera. Si, en dépit de nombreuses années de pratique, la plupart des pratiquants de Tài Ji Quan ne sont toujours pas capables d'annihiler la force d’une attaque et peuvent être contrôlés par l’adversaire, c’est qu’ils n’ont pas encore compris l’erreur qu’ils commettent en conservant deux points d'appui. [l’homme peut être renversé, parce qu’il a deux points d'appui, alors qu'un ballon qui n’a qu’un point d'appui, ne perd jamais son équilibre]...
Pĕng
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Pĕng n'est pas une technique, mais correspond à la fois à une direction de mouvement d'enveloppe semi-circulaire et à un mode d'utilisation de l'énergie face à une force entrante. Pĕng décrit ainsi une forme, une direction de mouvement suivant une trajectoire curviligne régulière concave qui vise à isoler l'assaillant de sa racine... Par l'entraînement, il s'agit d'apprendre d'abord à absorber et à accumuler l'énergie dans tout le corps sous forme potentielle, pour ensuite restituer cette énergie potentielle élastique dans un mouvement de déploiement.
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Lü
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Lü décrit une forme de direction du mouvement visant à attirer l’assaillant dans le vide pour ensuite utiliser au moment opportun sa propre force à son encontre.
Ainsi, Lü correspond à un mode d'utilisation de l'énergie où il s'agit d'attirer l'assaillant vers l’arrière, en créant ou plus précisément en lui faisant rencontrer un vide lors de son attaque, afin d'utiliser sa propre force entrante à son encontre.
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Ji
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Ji est une forme de direction de mouvement. Ji correspond à un mode d'utilisation de l'énergie où il s'agit la faire pénétrer en provoquant un élan traversant, un ébranlement percutant dans le corps de l'assaillant.
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Àn
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Àn n'est pas une technique, mais correspond schématiquement à une direction de mouvement d'enveloppe semi-circulaire complémentaire de Pĕng. Àn correspond ainsi à un mode d'utilisation de l'énergie consistant à faire progressivement perdre à l'adversaire sa racine au sol. Il s'agit d'absorber l'énergie entrante dans la colonne en basculant le bassin et de la restituer lors de la détente de la jambe.
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Percevoir au-delà du sentir imprécis
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Entre force et douceur, c'est la main qui trouve et c'est l'esprit qui répond.
Ce que j'appelle apprendre, c'est apprendre ce qui ne s'apprend pas.
Ce que j'appelle agir, c'est accomplir ce que je ne peux accomplir [volontairement],
Ce que j'appelle discerner, c'est discerner ce qu'on ne peut discerner [intentionnellement].
La connaissance supérieure est celle qui s'arrête devant ce qu'elle ne peut pas connaître. Ceux qui ne l'atteignent pas, le tour céleste les met en déroute.
Apprendre la forme, c'est d'abord mémoriser dans son corps les mouvements de la forme et leur enchaînement, puis transformer chaque mouvement en geste, c'est à dire l'habiter par son esprit dans le relâchement.
C'est seulement en connectant le corps entier qu'il devient possible, sur la base d'un mouvement, d'accomplir le geste juste en conduisant l'anadèse traversant le corps et en faire jaillir l'élasticité.
L'important dans la pratique de la forme, c'est de rendre aisée la propagation de cet élan qui traverse le corps et constitue le mouvement et de savoir enchainer les gestes de manière continue sans interruption.
LY II-17
zhi zhi wéi zhi zhi, bu zhi wéi bu zhi, shi zhi yé S'appliquer à prendre conscience de ce que le corps permet de percevoir et ne pas chercher à saisir ce qu'on ne peut pas percevoir.
曲中求直, 蓄而後發
Rechercher sans cesse le centre de la courbe, accumuler (rassembler le Qi) puis envoyer (libérer le Qi) -
Wu Yuxiang
太極拳不在樣式而在氣勢, 不在外面而在內。 平日行功走架, 須研究揣摩空鬆圓活之道
[L'art du] Taiji Quan ne réside pas (dans l'exécution) des postures de la forme, mais dans la configuration susceptible d'être donnée à l'énergie, non pas au niveau de la surface extérieure, mais à l'intérieur [du corps. Dans la pratique quotidienne de la forme, il faut étudier et approfondir, chercher à saisir le sens des méthodes relatives aux notions de vide, de relâchement, de rondeur et de vivacité - Wu Yuxiang
太極拳勢圖解 - 一太極拳最重聯貫...
學者練習時。仍宜連續行之
Le plus important en Taiji Quan, c'est de lier (superposer) les mouvements ... l'apprentissage consiste à pratiquer et à s'habituer à la saisie du moment. Il s'agit de toujours d'accomplir les gestes de manière continue - Xu Yusheng
開闔在樞。樞若動搖。云何開闔。不開不闔, 虛實焉求。是可知無中定之虛實
L'ouverture et la fermeture dépendent d'un pivôt. Mais si le pivôt est instable ? Les nuages ne sont quant à eux pas capables d'ouvrir et de fermer ! Or, s'il n'y a pas d'ouverture ni de fermeture, comment rechercher le vide et le plein ! On peut ainsi comprendre que percevoir un vide ou un plein sans centralité, ce n'est pas un vide, ni un plein
分虛實
Distinguer le vide et le plein
能懂得開合,
便知陰陽
一條是要做到身體的放松
臂宜略灣曲, 曲中求直, 出臂不可過直
Ju Hao
勁以曲蓄而有餘
Wáng Zōngyué
Plus nous sommes silencieux, patients et recueillis dans nos tristesses, plus l'inconnu pénètre efficacement en nous. Rainer Maria Rilke
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Il s'agit d'unir le haut et le bas du corps comme au moyen d'une tige de bois vert effilée. Taiji Quan Yan Jiu
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