REIMS QI GONG, Club de Qi Gong
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Baltasar Gracian - Extraits choisis

L'homme de cour

L’homme au comble de sa perfection. Il ne naît pas tout fait, il se perfectionne de jour en jour dans ses mœurs et dans son emploi, jusqu’à ce qu’il arrive enfin au point de la consommation. Or l’homme consommé se reconnaît à ces marques : au goût fin, au discernement, à la solidité du jugement, à la docilité de la volonté, à la circonspection des paroles et des actions. Quelques-uns n’arrivent jamais à ce point, il leur manque toujours je ne sais quoi ; et d’autres n’y arrivent que tard.

La nature et l’art ; la matière et l’ouvrier. Il n’y a point de beauté sans aide, ni de perfection qui ne donne dans le barbarisme, si l’art n’y met la main. L’art corrige ce qui est mauvais, et perfectionne ce qui est bon. D’ordinaire, la nature nous épargne le meilleur, afin que nous ayons recours à l’art. Sans l’art, le meilleur naturel est en friche ; et, quelque grands que soient les talents d’un homme, ce ne sont que des demitalents, s’ils ne sont pas cultivés. Sans l’art, l’homme ne fait rien comme il faut, et est grossier en tout ce qu’il fait.

La chose et la manière. Ce n’est pas assez que la substance, il y faut aussi la circonstance. Une mauvaise manière gâte tout, elle défigure même la justice et la raison. Au contraire, une belle manière supplée à tout, elle dore le refus, elle adoucit ce qu’il y a d’aigre dans la vérité, elle ôte les rides à la vieillesse. Le comment fait beaucoup en toutes choses. Une manière dégagée enchante les esprits, et fait tout l’ornement de la vie.

Connaître l’essence et la saison des choses, et savoir s’en servir. Les œuvres de la nature arrivent toujours au point ordinaire de leur perfection ; elles vont toujours en augmentant, jusqu’à ce qu’elles y parviennent ; et puis toujours en diminuant, dès qu’elles y sont parvenues. Au contraire, celles de l’art ne sont presque jamais si parfaites qu’elles ne le puissent encore être davantage. C’est une marque de goût fin de discerner ce qu’il y a d’excellent dans chaque chose ; mais peu de gens en sont capables, et ceux qui le peuvent ne le font pas toujours. Il y a un point de maturité jusque dans les fruits de l’entendement, et il importe de connaître ce point pour en faire son profit.

N’exagérer jamais. C’est faire en homme sage de ne parler jamais en superlatifs, car cette manière de parler blesse toujours, ou la vérité, ou la prudence. Les exagérations sont autant de prostitutions de la réputation, en ce qu’elles découvrent la petitesse de l’entendement et le mauvais goût de celui qui parle. Les louanges excessives réveillent la curiosité et aiguillonnent l’envie ; de sorte que, si le mérite ne correspond pas au prix qu’on lui a donné, comme il arrive d’ordinaire, l’opinion commune se révolte contre la tromperie, et tourne le flatteur et le flatté en ridicule. C’est pourquoi l’homme prudent va bride en main, et aime mieux pécher par le trop peu que par le trop. L’excellence est rare, et, par conséquent, il faut mesurer son estime. L’exagération est une sorte de mensonge ; à exagérer, on se fait passer pour homme de mauvais goût et, qui pis est, pour homme de peu d’entendement.

L'homme qui sait attendre. Ne s'empresser, ni ne se passionner jamais, c'est la marque d'un coeur qui est toujours large. Celui qui sera le maître de soi-même le sera bientôt des autres. Il faut traverser la vaste carrière du temps pour arriver au centre de l'occasion. Un temporisement raisonnable mûrit les secrets et les résolutions. La béquille du temps fait plus de besogne que la massue de fer d'Hercule. Dieu même, quand il nous punit ne sert pas du bâton, mais de la saison. Ce mot est beau : le temps et moi, nous en valons deux autres. La fortune même, récompense avec usure, ceux qui ont la patience de l'attendre.

Pour tolérer toutes les sottises d'autrui, mieux vaut une extrême patience.

La sottise est la nourriture de la médisance.

La sottise est un manque d'attention au temps.

Tous les sots sont des opiniâtres, et tous les opiniâtres sont des sots.

Pour vivre, laisser vivre.

L'affectation sans mérite n'est qu'une tromperie vulgaire.

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Zhong Yong