Dès le IVème siècle av. J.-C., le mot Shēng apparaît comme une notion très importante dans les textes anciens à caractère philosophique, notamment dans les textes [qualifiés de] taoïstes.
Il est intéressant d'examiner un instant l'idéogramme Shēng. Il indique une plante enracinée dans le sol (trait horizontal à la base), dont la tige principale (trait vertical) a produit d'autres tiges (traits horizontaux) à partir de l'une desquelles surgit un follicule ou un bourgeon (en haut à gauche).
Ainsi, Shēng signifie « ce qui naît », « venir à la vie », « naître », « vie », « engendrer », « produire », suggérant la survenue spontanée d'une progression, d'un processus, d'une éclosion, d'un mouvement.
Il faut aussi écouter le discours des sinologues et des philologues pour comprendre le sens originel des mots dans les textes anciens à caractère philosophique. Ainsi, dans la foulée de Fu Xinian (grand linguiste et historigraphe), A.C. Graham a montré de manière assez décisive qu'au IVème siècle av. J.-C., Shēng et Xìng (la nature humaine notamment, dont l'idéogramme est représenté ci-dessous) étaient non seulement homophones, mais qu'il est fort probable que le même caractère était utilisé pour représenter indifférement les deux mots Xìng et Shēng.
Cette observation est importante pour bien comprendre le sens originel à donner à l'expression Yăng Shēng (représentée en bas de la page) qui va par la suite servir, à partir des Han, pendant des siècles, à désigner les pratiques corporelles embrassant la santé le bien-être, mais aussi l'alimentation, ... et, dans une mesure devenue plus discrète, les exercices spirituels fondés sur les textes anciens permettant de réaliser sa propre nature, plus généralement, les pratiques qu'ont notamment développées les écoles de pensée taoïstes, à partir des caractéristiques qu'a pu fournir l'interprétation du Zhuangzi (Wei Hui).
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