REIMS QI GONG, Yǎng Xìng
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Le Xúnzĭ - Quelques courts extraits

Xún Zĭ (ca310-ca238), l'auteur du Xúnzĭ, est probablement le plus grand penseur confucéen. La notion de nature humaine, Xìng occupe une place importante dans sa pensée. Il s'oppose, à ce sujet, à Mencius qui l'a précèdé. A noter qu'il a été le précepteur de Han Fei Zi (280-233) qui est devenu le grand penseur de l'école légiste qui a par la suite inspiré la dynastie Qin. Dans son approche synthétique, Xún Zĭ propose à la base...


Chap. 17


Chap. 17

La marche du Ciel (course naturelle des choses) a sa constance.
[...]
Aussi, celui qui comprend clairement la démarcation entre Ciel et Homme peut être appelé un homme accompli. (homme parfait).
Ce qui se réalise sans agir, ce qui s'obtient sans qu'on le recherche, voilà l'oeuvre du Ciel. Ainsi, pour un homme, même si sa réflexion est profonde, il n'aura aucune prise (sur le domaine du Ciel), même si ses capacités sont très grandes, il ne pourra pas les faire valoir sur le domaine du Ciel, même si sa perspicacité est fine, il ne pourra rivaliser avec le domaine du Ciel.
Le Ciel a ses saisons, la Terre a ses richesses, l'homme a sa façon d'ordonner (de réguler) les choses. C'est ce qu'on appelle la capacité de former une triade.[...]
Les étoiles tournent en succession ordonnée,
Le soleil et la lune brillent tour à tour,
Les quatre saisons se suivent en bon ordre,
Le Yin et le Yang opèrent leurs grandes transformations,
Le vent et la pluie se propagent partout,
Les 10000 êtres trouvent chacun leur harmonie () pour venir à la vie et trouvent chacun leur nourriture pour se réaliser.
On ne voit pas l'activité de ce processus, mais on en perçoit les résultats (effets), c'est ce qui s'appelle ce qui constitue le stade le plus affiné de l'énergie vitale (Shén).
Tout le monde connaît ce processus au stade de la réalisation, mais personne ne le connaît sans forme, c'est le travail du Ciel.
[...]
Quand le fonctionnement céleste s'est mis en place et que son son oeuvre s'est réalisée, la forme du corps (Xíng) est achevée et l'esprit (Shén) est engendré. L'amour et la haine, le contentement et la colère, le chagrin et la joie y sont en quelque sorte entreposés, c'est ce qu'on appelle les inclinations naturelles (Qíng) conférés par le ciel. Les oreilles et les yeux, le nez et la bouche, le corps lui-même ont chacun leur compétence pour contacter les choses, mais ces compétences ne sont nullement interchangeables ; c'est ce qu'on appelle les organes naturels conférées par le ciel. (Guān) ...


Chap. 19


Chap. 19

Quelle est l'origine des rites ? Dès sa naissance l'être humain a des désirs (). A partir du moment où ses désirs ne sont pas satisfaits, il n'a de cesse que de chercher à les combler. Mais dans cet effort il ne connaît plus ni mesure, ni limites (démarcation). S'il se met en quête de les satisfaire, il ne peut s'empêcher de se lancer dans une lutte pour la survie induisant le chaos et l'épuisement des ressources.
Les rois de l'Antiquité avaient une aversion du chaos, c'est pourquoi...
[...]
En quoi les rites constituent une alimentation...
[...]
     養, 又   

(Par la suite), l'homme accompli se plaît à opérer des distinctions (Bié)...
[...]
             !...
           也 !
            也 !
             


Qui a compris que risquer la mort pour rester fidèle est une chose qu'on fait pour nourrir sa vie !
Qui a compris que dépenser ses richesses et s'en servir est un moyen d'entretenir sa fortune.
Qui a compris que la bonté, le respect, l'effacement et la retenue sont les moyens de demeurer en paix ?
Qui a compris que les rites, le sens moral, la culture et l'accord à l'ordre des choses sont autant de moyens pour nourrir nos dispositions naturelles!

      見,      死;
    見,      害;
       安,      危;
          


C'est pourquoi celui qui a pour seul but de sauver sa vie rencontrera inéluctablement la mort,
celui qui n'a que son profit en vue rencontrera inévitablement la ruine,
celui qui prend la paresse, la négligence, la frivolité et la pusillanimité pour de la quiétude ne pourra manquer de se mettre en danger,
et celui pour qui la vraie joie réside dans les plaisirs des sens court à sa perte.

      義, 則    矣; 一    性, 則    矣.
    使      也, 墨   使      也, 是     


En effet si l'homme recherche l'unité à travers les rites et le sens moral, il gagnera sur les deux plans, tandis que s'il la recherche en ne s'appuyant que sur ses élans naturels, il sera perdant sur les deux tableaux.

[...]
Les rites reposent sur trois fondements : le ciel et la terre, fondement de la vie, les ancêtres, fondement de la famille, princes et maîtres, fondement de l'ordre.
[...]
Rendre hommage aux origines, cela s'appelle la culture, faire place aux usages familiaux, cela s'appelle se conformer à l'ordre des choses. L'équilibre entre les deux constitue la culture rituelle...
[...]
 者,  以    用,  以    文,  以    異,  以    要 ...
         墨,  並   雜,  是      
      隆,  下   殺,  而     


Les rites font usage des biens et des choses; ils distinguent culturellement le noble du vil, ils différencient le grand du petit, ils sont magnifiés ou restreints selon les circonstances ...
Lorsque la culture et le sens de l'ordre des choses d'une part, l'expression des émotions, de l'autre, se répondent comme le dedans et le dehors, comme un vêtement et sa doublure, lorsqu'ils vont ensemble et se conjoignent, les rites suivent la voie du milieu. Ainsi l'homme accompli atteint-il, en direction du haut la plénitude des rites magnifiés, il les restreint à l'extrême en direction du bas et s'en tient à la voie médiane lorsqu'il s'agit du milieu
[...]
La destinée des hommes ressortit au ciel, celle des pays est du ressort des rites. Les princes qui exaltent les rites et respectent les hommes éminents ont l'étoffe de rois; ceux qui tout en aimant leur peuple, donnent primauté à la loi, ont l'étoffe d'hégémons;...
[...]
Le mouvement des émotions et les changements d'attitude doivent suffire à manifester les différences entre le faste et le néfaste, à rendre évidentes les préséances entre nobles et roturiers, entre parents proches et lointains et ils s'en tiennent là. Ce qui est extérieur à cela est proprement extravagant et, quelque difficulté que cela présente, l'homme accompli le tient en mépris.
[...]
                  
       加,  無       


Le naturel est racine, commencement, bois brut, alors que ce qui est élaboré est culture, expression de l'ordre des choses, élévation, enrichissement. Si le naturel n'est pas la, il n'y a rien à élaborer, mais sans être élaboré, le naturel ne saurait briller par lui-même.
[...]
La culture rituelle s'est instaurée en accordant leur juste place aux émotions car celle-ci, tout en alimentant la vie sociale, permet d'établir les degrés allant d'une part de la parenté à la relation, et d'autre part, du noble au roturier, de telle sorte qu'il n'y ait rien à ajouter ni rien à en retrancher.



Chap. 20 - La musique

     也,  人       

La musique est joie, expression incontournable du sentiment humain...

     樂, 樂     

De même que l'homme ne saurait être sans joie, la musique ne saurait demeurer sans forme...

Mes sons et la musique pénètrent profondément l'homme et l'émeuvent immédiatement, c'est pourquoi les anciens rois l'ont particulièrement cultivée. Lorsque la musique atteint le juste milieu, le peuple goûte l'harmonie et ne tombe pas dans la licence...

[Dans le cadre rituel] l'homme accompli est attentif à ce qu'il refuse et à ce qu'il accepte. Il aiguise sa volonté au son des cloches et des tambours, il réjouit son coeur au son du luth et de la cithare,...

La musique contient une harmonie immuable et les rites l'intangible ordre des choses. La musique rassemble ce qui est commun, les rites séparent ce qui est dissemblable et leur conjonction est un diapason pour le coeur humain. Les sentiments exprimés par la musique vont jusqu'au plus profond du coeur et jusqu'à l'extrême de ses transformations. Mettre en lumière la sincérité et bannir l'artifice, tel est le propos des rites.

      ? 曰: 目   見,  耳    也,
          退        制,
    力, 以       節, 而     者, 眾     


Comment peut-on connaître l'esprit () d'une danse? L'oeil certes ne peut se voir soi-même ni l'oreille s'entendre, cependant on contrôle ses mouvements, ses inclinations, ses déplacements en avant et en arrière, ainsi que sa vitesse au cours de la danse, afin qu'ils soient nets et mesurés Les efforts du corps tout entier tendent à s'accorder (Jié) au rythme des cloches et des tambours sans la moindre vélléité de s'en écarter et tous sont animés de la même intention.


Chap. 21 - Dissiper les illusions

En règle générale, les malheurs (Huàn) des hommes viennent de ce qu'ils sont illusionnés par un aspect mineur des choses et restent aveugles au grand principe qui les organise...



Lorsque le coeur n'est pas à l'oeuvre, alors l'oeil ne distingue même pas le blanc du noir placés devant lui ; l'oreille ne perçoit même pas le roulement du tambour du tonnerre résonnant près d'elle.

  蔽: 欲  蔽, 惡  蔽, 始  蔽, 終  蔽, 遠  蔽, 近  蔽, 博  蔽, 淺  蔽,

Or, qu'est-ce qui crée l'illusion ? Le désir (Yù) et la détestation, le commencement (Shĭ) ou l'aboutissement créent l'illusion, la distance ou la proximité, la largeur ou l'étroitesse, l'attention portée à l'antiquité ou au présent créent l'illusion...

Les hommes saints savent les problèmes que posent les techniques du cœur (Xīn Shù) et constatent les malheurs des victimes d'illusions et d'obtusions. C'est pourquoi ils sont sans désir et sans détestation, sans considération pour le commencement ni l'aboutissement, pour la proximité ou la distance,... ils rangent les 10000 êtres uniformément et les pèsent au juste milieu...

En quoi consiste la connaissance ? Je dirais que c'est après que le cœur a connu la Voie qu'il peut l'emprunter. Et, dès lors qu'il l'a empruntée, il peut la préserver en lui et s'interdire ce qui la contredit.[...] Or, comment le cœur connait-il ? C'est grâce à la vacuité, à la concentration et à la sérénité.[...]

Le cœur est le prince du corps et le souverain des lumières spirituelles. Il sait promulguer des ordonnances sans en recevoir aucune [...] le comportement du cœur consiste à opérer des choix sans rien s'interdire. [...]
Si le cœur est divisé, il ne peut accéder à la connaissance. S'il est bouleversé, il ne peut pas se concentrer sur l'essentiel. S'il est dispersé, il s'abandonne au doute et à la confusion... C'est pourquoi connaître, c'est savoir choisir d'unifier et de concentrer toute son attention...
Ceux qui savent se focaliser sur la Voie considèrent toutes les choses globalement. C'est pourquoi le Junzi fait un avec la Voie et y a recours pour observer les choses [et ainsi] peut bien les observer [et, partant,] les discerner...

Les prémices du périlleux et du subtil, seul le Junzi qui a su être clairvoyant sait bien les repérer. C'est pourquoi le cœur humain est comparable à l'eau d'un bassin...

L'aptitude à connaître la nature des hommes permet de connaître le principe qui l'organise. C'est par cette aptitude à connaître la nature des hommes qu'on cherche à faire en sorte de connaître le principe organisateur des choses.

  往, 不  來, 無    心,  
   動,  物   應, 事   辨,  治   否,  昭   


Au lieu de soupirer après le passé et de s'inquiéter de l'avenir, au lieu de se ronger le coeur d'aigreur et d'inquiétude, il faut entreprendre au moment opportun, répondre aux affaires aui se présentent, et débrouiller les situations lorsqu'elles apparaissent. L'ordre et le désordre, le possible et l'impossible seront alors en pleine clarté.





Chap. 22 - Rectifier les noms

22-2
On appelle nature ce qui existe en l'homme de naissance.
On appelle aussi nature (Xing) les souffles harmonieux générés naturellement, les esprits vitaux réunis pour répondre aux stimuli et ce qui survient spontanément sans qu'on le décide.

                         之慮
...
L'attirance et l'aversion, la délectation et la colère, la tristesse et la joie qui sont aussi naturels, s'appellent des inclinations (Qíng). Lorsque le cœur opère un choix parmi ces inclinations on dit qu'il y a réflexion (). Lorsque cette réflexion issue du cœur est en mesure d'en conduire le mouvement, on dit qu'il y a à proprement parler artifice. Ce qui ne vient à être réalisé qu'après un travail de la pensée et grâce à l'exercice de certaines capacités, c'est cela que j'appelle artificiel.
[...]
Agir en vue de son propre intérêt, cela s'appelle s' affairer. Bien comprendre le sens moral et agir en consquence, cela s'appelle mettre en pratique (sa vertu).
On appelle conscience ce par quoi l'on comprend ce qui se trouve en l'homme. On appelle intelligence ce par quoi la conscience s'accorde avec les choses. On appelle aptitudes ce par quoi s'exercent les capacités qui se trouvent en l'homme. On appelle compétences ce par quoi les capacités s'accordent avec les choses.

La nature, Xing, procède du ciel. Les sentiments, Qing, constituent une substance de la nature. Les désirs, Yu, constituent une réponse aux sentiments [vis à vis des divers objets]. Tant que ce qui est désiré semble pouvoir être obtenu, il sera poursuivi. Trouver la voie menant à ce qui leur semble possible, c'est à quoi l'intelligence doit conduire.



Chap. 27 - Des grands principes

Ceux qui excellent dans l'étude cherchent jusqu'au principe qui anime les choses. Ceux qui excellent dans la pratique débusquent les difficultés qui s'y rencontrent.

Les rites font en sorte de se conformer au cœur humain pour en faire leur racine. Aussi, ce qui se conforme au cœur humain, même s'il ne figure pas dans le Li Jing, peut être porteur d'un rite.

En général, lorsqu'il s'agit d'être au service des vivants, les rites visent à donner un decorum à la joie, Lorsqu'il s'agit de raccompagner les morts, ils visent à donner un decorum au chagrin. Quant aux défilés de troupes et de cohortes, ils visent à donner un decorum à l'autorité.

A chaque conduite sa mesure, en fonction de sa place dans la hiérachie des rites. [...] Les rites obéissent à la mesure, c'est pourquoi ils sont accomplis.

Organiser les rites en revenant à leur racine et en perfectionnant leurs ramifications (pour réellement accomplir les rites), accomplir les rites (pour définir et réellement accomplir ses devoirs) et accomplir ses devoirs sont les trois conditions que l'homme de bien doit comprendre parfaitement pour habiter la demeure du sens de l'humain et être enfin sur la Voie.

Les rites montrent la route aux hommes...

En matière de rite, les racines et les branches correspondent ; leur achèvement et leur commencement se répondent.

C'est à partir de la racine qu'on connaît les rameaux.


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Zhōng Yōng    Anthropologies du corps