L'expression Zhī Zhè Bú Yán - Yán Zhè Bú Zhī figure à plusieurs endroits dans les classiques dits d'obédience taoiste, notamment au chapitre 56 du Laozi et dans le Zhuangzi. Elle s'articule sur les mots Yán (mot, parole) et Zhī (savoir, connaissance), dont les relations devraient systématiquement être recherchées et examinées, en détail et de façon récurrente, dans les textes anciens (le boucher, le plongeur, le charron,...).
La traduction communément proposée par nombre de traducteurs est essentiellement littérale, à savoir :
- Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas.
Or, il faut être très prudent et toujours veiller à intégrer le sens général fourni par le contexte de la phrase, du chapitre, de l'ouvrage... Ainsi, nous y voyons, comme J-F Billeter l'a avant nous soutenu admirablement à propos du Zhuangzi, non pas nécessairement une référence à la notion de savoir, Zhī, mais plutôt peut-être une allusion à la notion de perception qui caractériserait ainsi l'attitude et l'état mental préconisés dans son enseignement et le cadre d'une pratique constante (Chàng) de la voie. Il faut donc sans doute entendre :
- Celui qui perçoit ne parle pas, celui qui parle ne perçoit pas.
Cette interprétation s'impose dans le Zhuangzi, en filigrane, si on pratique une lecture transverssle des différents chapitres (à laquelle nous vous invitons, ainsi qu'à l'examen correspondant du Hanfeizi ou du Wenzi...).
Plus généralement, pour ce qui concerne l'occurence du mot Zhī dans les textes anciens, sans doute convient-il de ne pas oublier l'existence d'interprétations alternatives (ce n'est pas du chinois moderne)...
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