REIMS QI GONG, Qi Gong - Taiji Quan
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Epicure - Quelques courts Extraits

Lettre à Hérodote


Le tout est corps et vide. Car que les corps soient, la sensation elle-même l'atteste dans tous les cas, et c'est à elle qu'il faut se référer pour faire, par raisonnement des conjectures sur ce qui n'est pas manfeste. Si d'autre part il n'y avait pas ce que nous appelons vide, place et nature intangible, il n'y aurait nul endroit où les corps pourraient êtreni au travers des quels ils pourraient se mouvoir, comme il apparaît clairement qu'ils le font. En dehors d'eux, on ne saurait concevoir aucune des choses , ni par saisie directe, ni par analogie avec ce qui est saisi, que l'on tient pour des natures complètes par opposition à ce que nous appelons des accidents ou des propriétés de ces natures. De plus, parmi les corps certains sont des composés, les autres ceux dont les composés sont faits. Or, ces seconds corps sont insécables et immuables car tout n'est pas voué à se détruire dans le non-être et que ce qui résiste, subsiste dans la dissolution des composés ayant une nature pleine et ne pouvant être dissous en quelque endroit ni de quelque manière que ce soit.
De sorte que les principes sont nécessairement des natures insécables constitutives des corps.



Lettre à Ménécée

|...] Accoutume-toi à penser que pour nous la mort n’est rien, puisque tout bien et tout mal résident dans la sensation, et que la mort est privation de sensation. Dès lors, la juste prise de conscience que la mort ne nous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie : non pas en lui conférant une durée infinie, mais en l’amputant du désir d’immortalité.
Il s’ensuit qu’il n’y a rien d’effrayant dans le fait de vivre, pour qui est authentiquement conscient qu’il n’existe rien d’effrayant non plus dans le fait de ne pas vivre.
|...]
Il est également à considérer que certains d’entre les désirs sont naturels, d’autres sans fondement, et que si certains des désirs naturels sont nécessaires, d’autres ne sont seulement jamais que naturels. Parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d’autres à la tranquillité durable du corps, d’autres à la vie même. Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à la sérénité de l’âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse. C’est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d’éviter la souffrance et l’angoisse. Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l’âme se dissipe, le vivant n’ayant plus à courir comme après l’objet d’un manque, ni à rechercher quelque autre chose par quoi le bien, de l’âme et du corps serait comblé. C’est alors que nous avons besoin de plaisir : quand le plaisir nous torture par sa non-présence. Autrement, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir.
Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. C’est lui que nous avons reconnu comme bien premier et congénital. C’est de lui que nous recevons le signal de tout choix et rejet. C’est à lui que nous aboutissons comme règle, en jugeant tout bien d’après son impact sur notre sensibilité.
Justement parce qu’il est le bien premier et né avec notre nature, nous ne bondissons pas sur n’importe quel plaisir : il existe beaucoup de plaisirs auxquels nous ne nous arrêtons pas, lorsqu’ils impliquent pour nous une avalanche de difficultés. Nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors qu’un plaisir pour nous plus grand doit suivre des souffrances longtemps endurées. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime parent, sans pour autant devoir être cueilli. Symétriquement, toute espèce de douleur est un mal, sans que toutes les douleurs soient à fuir obligatoirement. C’est à travers la confrontation et l’analyse des avantages et désavantages qu’il convient de se décider à ce propos. A certains moments, nous réagissons au bien selon les cas comme à un mal, ou inversement au mal comme à un bien.
Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse. Car nous sommes intimement convaincus qu’on trouve d’autant plus d’agréments à l’abondance qu’on y est moins attaché, et que si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, il est difficile d'accéder à ce qui est sans fondement. Les nourritures savoureusement simples vous régalent aussi bien qu’un ordinaire fastueux, sitôt éradiquée toute la douleur du manque : pain et eau dispensent un plaisir extrême, dès lors qu’en manque on les porte à sa bouche. L’accoutumance à des régimes simples et sans faste est un facteur de santé, pousse l’être humain au dynamisme dans les activités nécessaires à la vie, nous rend plus aptes à apprécier, à l’occasion, les repas luxueux et, face au sort, nous immunise contre l’inquiétude.
Quand nous parlons du plaisir comme d’un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs du noceur irrécupérable ou de celui qui a la jouissance pour résidence permanente - comme se l’imaginent certaines personnes peu au courant et réticentes à nos propos, ou victimes d’une fausse interprétation - mais d’en arriver au stade où l’on ne souffre pas du corps et ou l’on n’est pas perturbé de l’âme. Car ni les beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garçons ou les femmes dont on jouit, ni la délectation des poissons et de tout ce que peut porter une table fastueuse ne sont à la source de la vie heureuse : c’est ce qui fait la différence avec le raisonnement sobre, lucide, recherchant minutieusement les motifs sur lesquels fonder tout choix et tout rejet, et chassant les croyances à la faveur desquelles une extrême confusion s’empare de l’âme.
Or, le principe de tout cela et le plus grand bien, c'est la prudence - φρονεσις - [...] elle entraîne le reste des vertus, enseignant qu'il n'est pas possible de mener une vie agréable qui n'est pas prudente, belle et juste, pas plus que la vie ne peut être prudente, belle et juste si elle n'est pas agréable...



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Zhong Yong