Comme visent à l'illustrer les exemples ci-dessous, le mot « Zhī » joue un rôle fondamental dans la pensée chinoise ancienne. Il signifie a priori connaissance, savoir; connaître.
Examinons quelques traductions conventionnelles de textes préimpériaux fameux. Le Mozi propose notamment cette définition du mot Zhī :
Le Zhī : c'est la capacité, le moyen par lequel on peut accèder à la connaissance, sans forcément en avoir conscience...
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Dans le
Lúnyŭ, les Entretiens, le mot Zhī se retrouve par exemple dans l'expression suivante de II-17:
[Le vrai savoir] c'est de reconnaître qu'on sait ce qu'on sait, et qu'on ne sait pas ce qu'on ne sait pas.
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Au chapitre VII A-1 du
Mencius, on peut lire cette phrase et cette traduction :
Qui va jusqu'au bout de son coeur connaît sa nature. Or, connaître sa nature, c'est connaître le Ciel.
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Dans le
Xing Zi Ming Chu , on peut lire ce texte dont voici une traduction :
Ceux qui comprennent leur Qíng sont capables de l'exprimer, ceux qui connaissent la moralité sont capables de l'internaliser.
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Dans le
Xunzi, apparaît au chapitre XXII la phrase suivante qu'on peut traduire :
Si le coeur est divisé, il ne peut accéder à la connaissance,..., mais s'il a recours [à sa capacité de s'exercer à l'examen (des choses) selon la voie], pour les observer, il peut connaître simultanément les dix mille êtres.
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Dans le
Guiguzi, on peut lire au chapitre 1 la phrase suivante :
[Le sage] connaît les passages conduisant à la préservation ainsi que ceux qui mènent à la destruction.
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Dans le
Zhuangzi, on trouve aux chapitre 2 et 6 respectivement les phrases suivantes :
Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut connaître, voilà le sommet du savoir.
Connaître l'action de l'homme, c'est essayer de préserver ce que son intelligence ne peut connaître par ce qu'elle connaît.
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De manière conventionnelle une traduction du premier verset du chapitre 56 du
Laozi se formule ainsi :
Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas.
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Or, J-F Billeter a démontré dans certain contexte particulier le mot Zhī devrait plutôt d'être rendu par "perception". Cette observation cruciale fournit une perspective nouvelle au sens de ce mot et nous amène donc à réexaminer les traductions conventionnelles et à essayer de mieux comprendre la théorie de la connaissance exprimée dans les textes anciens...
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